Crysta des Bois
Petite Fille
Nombre de messages : 20
Age : 47
Localisation : Plate et morne plaine près des bois
Date d'inscription : 08/05/2007
Feuille de Loup Garou
Totem: Brighid
Auspice de Naissance: Lune Noire (Joueur)
Parties gagnées:
    (2/5)
 | Sujet: Le loup-garou de Bretagne... La légende  Ven 14 Déc - 2:25 | |
| Vous pensez peut-être que je vais deviser sur le Breizhad velu qui bouffe de la galette sarrasin fourrée au villageois, le tout arrosé d’une bolée de sistr…
C’est le nom qu’on donne en Bretagne au loup-garou. C’est également le titre d’un célèbre lai (du celtique laid « chanson »), composé par Marie de France au XIIe siècle.
Oyez, oyez, Nobles Velus ! L’humble barzh que je suis, va vous conter l’histoire de Bisclaveret…
En Bretagne, vivait un noble baron, dont on disait le plus grand bien. Il était prisé par son seigneur et aimé de ses voisins. Il était marié à une femme de belle allure et tous deux s’aimaient.
Cependant la gente dame avait du soucis : elle perdait son époux trois jours entiers par semaine et ne savait pas ce qu’il devenait ni où il allait. Et nul des siens n’en savait rien non plus.
Craignant que son époux puisse aimer une autre femme, la belle dame se décida à l’interroger. Mais il refusa de parler, arguant la crainte d’un malheur par son aveu… Tout aurait pu en rester là, si plusieurs fois, sa femme n’avait insisté tant et tant, le cajolant, le flattant jusqu'à ce que son mari avouât son secret…
Quittant ses vêtements, il devenait loup-garou, vivant de proies au plus profond de la forêt. Il ne pouvait redevenir homme qu’après avoir remis ses atours. Il les cachait donc soigneusement, car s’il les perdait il serait loup-garou pour toujours et n’aurait plus aucun secours jusqu’à ce qu’ils lui soient rendus.
La dame voulut connaître la cachette, cependant son époux demeurait réticent… Elle le tourmenta et l’accabla tant, qu’il ne put rien faire d’autre que le lui révéler… Près d’une vieille chapelle, là sous un buisson, il y avait une grosse pierre creuse, assez évidée pour y dissimuler ses effets jusqu’à son retour.
Terrifiée à l’idée de dormir dans le même lit avec un monstre, la dame chercha plusieurs fois le moyen de se séparer de lui. Finalement, elle avertit un chevalier du pays, qui l’avait longtemps aimée et requise d’amour, pour la délivrer de son époux.
Après échange de serment et secrètes fiançailles, l’infidèle raconta tout à son amant, et l’envoya voler les vêtements de son mari.
C’est ainsi que Bisclaveret fut trahi et par sa femme, condamné au malheur.
Parce qu’il avait coutume de disparaître, tout le monde pensa qu’il n’était pas parti pour de bon. Pourtant après maintes recherches, on renonça à le revoir. Et la dame épousa son chevalier.
Un an entier s’était écoulé quand le roi alla chasser dans la forêt où Bisclaveret se trouvait. Toute la journée, chiens et veneurs lui donnèrent la chasse et il s’en fallut de peu qu’ils ne le tuent. Dès qu’il vit le roi, le loup courut jusqu’à lui pour implorer sa grâce, lui baisant la jambe et le pied. Comprenant que cette bête était dotée de sens et de raison, le roi l’épargna et lui accorda sa protection.
A compter de ce jour, Bisclaveret ne quitta plus le souverain. Il couchait près de lui, entre les chevaliers. Ceux-ci s’occupaient de lui bien volontiers, car tout le monde voyait que ce loup était gentil et bien intentionné.
Mais écoutez la suite de l’histoire…
Lors de grandes festivités, le roi invita ses vassaux. Le chevalier qui avait épousé la femme de Bisclaveret s’y était rendu. Aussitôt que le loup-garou l’aperçut, il s’élança vers lui et l’attrapa avec ses crocs. Il lui aurait déjà fait bien du mal si le roi ne l’avait menacé. Deux fois, ce jour-là, il tenta de le mordre. La plupart des gens étaient très étonnés par un tel comportement. Bientôt tous se dirent qu’il ne faisait pas cela sans raison et que le chevalier avait dû lui faire tort pour qu’il vouât une telle haine. Cette fois les choses en restèrent là: la fête s’acheva et le chevalier attaqué par Bisclaveret partit parmi les premiers. Ce n’est guère étonnant…
Peu de temps s’était écoulé, quand le roi retourna chasser avec Bisclaveret dans la forêt où il avait été trouvé. Le souverain se logea dans le pays pour la nuit. Apprenant la nouvelle, la femme de Bisclaveret se para richement et vint lui présenter ses respects. Quand le loup la vit, personne ne put le retenir : il se précipita sur elle comme un enragé !
Ecoutez comme il s’est bien vengé ! Il lui arracha le nez du visage. Qu’aurait-il pu faire de pire que ruiner sa beauté ?
On le menaça de tous côtés et on l’aurait déjà mis en pièce si un sage chevalier n’était intervenu, pressentant de bien graves raisons à cette cruauté envers la femme de ce baron tant aimé de chacun, disparu depuis longtemps…
Sur le conseil de ce bon chevalier, le souverain décida d’interroger cette femme pour voir si elle n’avait rien à avouer pour justifier la haine de cette bête. Il la soumit à la torture et vrillée de douleur, elle raconta toute l’histoire de son époux, de quelle façon elle l’avait trahi, volé ses vêtements, et pourquoi il n’avait pas reparu. Elle était persuadée que la bête n’était autre que Bisclaveret.
Le roi lui ordonna d’apporter les habits de Bisclaveret. Elle s’exécuta sans renauder et avec célérité. Puis le souverain en personne accompagna le loup à ses appartements et ferma les portes, afin que Bisclaveret puisse se vêtir sans témoin et quitter son apparence de bête avec dignité.
Un peu plus tard, le monarque entra dans la chambre et trouva le chevalier endormi sur son lit. Emu, le roi courut le prendre dans ses bras et plus de cent fois, l’embrassa. Il lui rendit alors tout son domaine et bannit du pays la femme infidèle et son second mari.
Exilés dans une lointaine contrée, ils eurent de nombreux enfants, dont bien des femmes de leur descendance naquirent, et c’est la vérité, sans nez.
L’aventure que vous venez d’entendre est vraie, n’en doutez pas. On en a fait le lai de Bisclaveret pour toujours en garder souvenir. | |
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